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Le syndrome du nid vide - Quand l’enfant part

Dernière mise à jour : 31 mars 2022


Le syndrome du nid vide est un sujet qui revient souvent, probablement parce que la relation parent-enfant a évolué au fil des générations. Le parent en besoin de réparation (des traumas de son enfance par exemple), peut mettre en place une relation fusionnelle avec son enfant, instaurant ainsi une dépendance affective jusqu'à l'âge adulte de sa progéniture. Pris au piège d'une société parfois exigeante, celle-ci peut devenir l'alibi du parent fusionnel qui évoque une crise économique empêchant son enfant de voler de ses propres ailes. Cependant, nous pourrions nous demander qui est dépendant de l'autre.

Nous avons recueilli le témoignage de Marie D., maman solo qui a vu sa fille unique de 23 ans quitter le nid familial, . Nous évoquons ici le témoignage d'une maman, mais n'oublions pas les papas qui, de plus en plus s'investissent dans la relation avec leurs enfants.


Sophie DUROY

Conseillère conjugale et familiale - Fondatrice du Cabinet PASSAGE



Je me suis séparée du père de ma fille alors qu’elle n’avait qu’un an et demi. A partir de ce moment, ma vie de maman allait se faire en solo.

Tout au long de cette vie commune avec mon unique enfant, notre relation s’est développée de façon fusionnelle et souvent passionnée.

Prête à tout pour elle, j’ai installé l’habitude de gérer ma vie en pensant d’abord à ma fille et les quelques fois où je tentais de penser à ma vie de femme d’abord, ce fut un échec. Mais là, voilà toute ma construction personnelle et complexe, comme bon nombre d’entre nous. Cette vie fusionnelle, s’est construite dans une inconscience totale, comme si je réparais la petite fille que j’avais été. Je pensais à ma « fille-moi » au lieu de penser à ma fille et à moi…

Puis, vint le jour, ou ma fille m’annonça qu’elle quittait notre maison pour une autre… SA maison. Elle avait 23 ans et je me retrouvais démunie face à elle, dans une période conflictuelle (car c’est plus facile pour l’enfant fusionnel d’avoir une « bonne » raison de partir). J’étais partagée entre mon sentiment de fierté d’avoir su la préparer pour sa vie future et une détresse à bas bruit.

Comment allais-je m’organiser pour remplir le réfrigérateur ? Pour cuisiner ? Et à qui allais-je faire mes blagues à deux balles ? Cela paraissait si dérisoire et pourtant…

Durant presque deux ans, nous avons maintenu notre relation à une distance raisonnable. Mon enfant, dans toute sa loyauté avait choisi un logement à deux pas de chez moi. Parfois j’allais dormir chez elle, j’allais faire le ménage chez elle, j’allais cuisiner chez elle… pendant qu’elle tentait, tant bien que mal, de m’éloigner de son intérieur. C’était trop violent pour moi. Je restais sourde à ses tentatives d’indépendance, tournant tout à la rigolade alors que mon propre comportement était une violence pour elle.

C’en était trop. Elle profita d’un séjour de vacances dans le sud pour prendre une décision radicale. Elle m’annonça cette fois-ci, son souhait de quitter la région. Intérieurement, mon building émotionnel s’effondra, alors qu’extérieurement, la façade était restée intacte. J’étais prise d’une envie de lui crier « Ne m’abandonne pas ! » mais malgré mon besoin viscéral d’être mère, j’avais par-dessus tout envie de la voir heureuse.

- Maman, que penses-tu de mon projet de partir ?

- Je suis ta maman et je te dis « reste » mais je suis aussi ta mère et je te dis « fonce », vis ce que tu as à vivre.

Elle a donc écouté sa mère…

Les deux années qui ont suivi ont été frappées par deux deuils successifs… deux années de deuil, c’en était trop pour moi ! D’abord mon unique enfant qui partait avec notre chat, puis deux personnes importantes dans ma vie qui mouraient la même année. Je me suis retrouvée à ne plus vouloir réfléchir, ni avoir de relations épuisantes. J’avais juste besoin de me reposer, de mettre mon cerveau en mode « pause ». Les ingrédients principaux du gâteau de la déprime m’avaient été livrés franco de port !

Et puis, plus forte que tout, ma joie s’est accrochée, mes thérapeutes m’ont supportée et mon entourage m’a fait livrer un autre gâteau bien meilleur, celui d’une vie remplie de nouveauté et de champs à fleurir.

Aujourd’hui, ma relation avec mon enfant est encore plus belle, plus adulte. Ma fille est aussi ma meilleure amie et sait parfois redevenir ma petite fille. Son départ, comme un cadeau, m’a permis de faire connaissance avec moi-même et de m’ouvrir à d’autres chemins de vie.

Le nid vide s’est de nouveau rempli.

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